L’EDUCATION CONTINUE A FRAGMENTER LA FRANCE.

Dauphine augmente ses frais de scolarité, comme l’avait fait  avant elle Science po.  L’université parisienne a décidé de fixer jusqu’à 4.000 euros par an les droits d’inscription pour une vingtaine de ses masters, contre 231 euros actuellement. L’UNEF s’alarme contre cette mesure au moment même où le gouvernement met la pression sur les grandes écoles pour les inciter à démocratiser leur accès.  

Décidément, on a beau dire mais la France des quartiers populaires a de moins en moins de chance de voir ses enfants franchir la porte de ces « écoles dites prestigieuses ».

Mais au fait, de quel prestige parlons-nous exactement si ce n’est celui de la capacité de certains parents à pouvoir financer aisément les études onéreuses de leurs enfants pas forcément plus éclairés que les autres ? Avoir des parents « élites » n’implique pas forcément que l’on ait hérité à la naissance d’une sorte de gène de l’excellence des facultés intellectuelles, transmise de manière presque divine à une catégorie qui se jugerait naturellement favorisée.  Il faut être réaliste ! Quelle sera pour l’avenir la répercussion directe de cette pratique sur l’économie française ou la capacité de la France à prendre part pleinement au challenge international ? Je peux presque prédire que cela entrainera encore plus de difficulté pour l’entreprise française à dégoter son  personnel de qualité aussi bien dans cette catégorie « d’enfants supposés prodiges » que dans celle abonnée à l’échec scolaire. C’est un fait ! La plupart de ces enfants privilégiés de la France exclusive,  (parmi les plus doués évidemment), n’aura certainement pas à s’en faire pour l’avenir, parce que de la même manière qu’elle a bénéficié de son pédigrée d’entrée aux grandes écoles, elle bénéficiera aussi de son degré de filiation pour son insertion à l’entreprise de papa ou accédera plus facilement aux concours organisés par  la Fonction Publique pour s’octroyer une longue carrière d’encadrement dans cette forteresse irrésistible. Et la masse populaire dans tout ça ? Eh bien, elle continuera à subir de longues années d’éducation au rabais dans les écoles peu fréquentables de la République pour cause de réduction budgétaire. Ce qui nous amènera tout naturellement au constat suivant : l’incapacité de la France à maintenir son rang dans la compétition internationale. Il est tout simplement improbable d’affirmer que c’est parmi cette classe privilégiée que l’on trouvera forcément le futur créateur d’entreprise française malgré le confortable patrimoine financier que lui légueront ses parents incontestablement prévoyants. Ceux qui par contre continueront à  se voir refuser l’accès au travail pour cause d’insuffisance de cursus se trouveront obligés de créer leur propre emploi. Le hic pour cette catégorie au patrimoine familiale modeste : ils ne disposeront évidemment pas de moyens financiers suffisants pour développer des structures performantes pour résister à l’énorme pression des grandes filiales internationales qui inonderont le marché français de leurs produits. Disons le plus simplement : ceux qui auront les moyens de faire ne feront pas, pour des raisons de prudence extrême liée à la conservation d’un patrimoine obligatoirement menacé pour cause d’insuffisance d’investissement (conservatisme). Les autres eux seront obligés de faire avec peu et avec autant de prudence pour ne pas perdre leur gagne pain (immobilisme). Les moins doués de cette dernière catégorie devront encore longtemps lutter pour ne pas succomber tout juste à l’instinct de survie ou basculer systématiquement dans la délinquance pour vivre confortablement ? Voilà le risque pour la France de demain. Une France ou la délinquance progressera forcément, une France qui manquera cruellement de main-d’œuvre hautement qualifiée et en insuffisance d’énergie créatrice à cause de cette fameuse tendance à vouloir à tout prix limiter les voies de la réussite à une extrême minorité de privilégiés. Une France de l’inégalité des chances.  

Alex LONY

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